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Ce que je n’ai jamais dit brûle encore : Via Notre-Dame in Extasi par Mad Lips 21



Via Notre-Dame in Extasi by Mad Lips 21
Via Notre-Dame in Extasi

Un poème qui refuse de se réveiller

Certains poèmes ne demandent pas à être lus. Ils demandent à être traversés. En silence. Comme une pièce entrouverte dans un rêve, encore chaude de ce qui aurait pu exister. Via Notre-Dame in Extasi est de ceux-là. Écrit d’abord en français, puis adapté en anglais, ce poème retient entre ses lignes une tension douce et tenace : celle d’un amour jamais vécu, mais profondément ressenti.


Un décor bien réel, un feu entièrement rêvé

Le poème se déroule sur la rue Notre-Dame à Montréal, où le présent se laisse effleurer par une présence invisible. La narratrice avance dans la ville avec une lenteur habitée. Elle s’arrête devant la vitrine du Café Barbara, aperçoit deux amants. Ils ne lui parlent pas. Mais leur image réveille en elle une passion imaginée, intacte. Ce qu’elle éprouve n’est pas un souvenir : c’est une projection, une absence comblée par le désir.

Il ne s’agit pas ici de perte ou de rupture. Il s’agit de ce qui n’a jamais eu lieu, mais qui pèse malgré tout.


Carnet 03 : un espace pour l’indicible

Ce poème a été écrit dans le cadre de Carnet 03, une initiative de la Maison de la culture Marie-Uguay. Des centaines de carnets vierges ont été distribués à travers la ville. Chacun pouvait y déposer ses mots, ses visions, son vécu. Peu de ces carnets ont été remplis de poésie. Via Notre-Dame in Extasiâ fait partie de ces rares fragments de feu.

Ce projet n’était pas une question de style ou de virtuosité. Il s’agissait de présence. D’honnêteté. Pour Mad Lips 21, ce poème fut l’occasion de dire enfin ce qui n’avait jamais été formulé. Comme un prénom qui n’a jamais franchi les lèvres. Un amour qui n’a jamais demandé sa place, mais qui a toujours été là.


La langue du feu contenu

Ce qui donne à ce poème sa force n’est pas un grand cri, mais sa retenue. La narratrice n’élève pas la voix. Elle perçoit, elle sent, elle imagine. Un reflet dans une vitrine. Un souffle sur sa nuque. Une peau qui n’a jamais été effleurée. Chaque image est précise, retenue, presque sacrée.

Le poème ne parle pas de ce qui s’est passé. Il parle de ce qui aurait pu. Et c’est peut-être pour cela qu’il brûle encore plus.


Du français à l’anglais : deux langues, une seule braise

La version originale de Via Notre-Dame in Extasi est écrite en français, avec une sobriété qui ne cherche pas à impressionner, mais à retenir l’intime. Le poème avance comme une pensée qui ose à peine se formuler. Chaque mot est pesé. Chaque image, silencieuse mais précise. On y sent la fragilité d’un désir jamais exprimé, mais porté avec une dignité bouleversante.

Le français donne au poème sa lenteur, sa tension, son souffle suspendu. La musique du texte ne vient pas de la rime, mais du rythme des émotions qu’il contient : un feu discret, enfoui sous la peau.

Le titre, Via Notre-Dame in Extasi, mêle le français et le latin dans une construction volontairement poétique. “Via” pour le chemin. “Notre-Dame” pour la rue, mais aussi pour une figure féminine, sacrée, inaccessible. Et “in Extasi”, emprunté au latin, évoque non pas l’extase au sens de plaisir accompli, mais un état d’abandon intérieur, de présence à ce qui aurait pu être. Une forme d’extase retenue. Sans apothéose. Sans réponse.


Un poème pour ce qui ne s’achève pas

Il n’y a pas de fin dans Via Notre-Dame in Extasiâ. Il n’y a pas non plus de commencement. La femme marche. L’image de l’autre — de l’amour, de l’étreinte imaginée — reste en retrait, mais proche. Le feu ne vient pas d’un souvenir. Il vient d’un désir qui n’a jamais pu éclore. Et il continue de brûler, pas à pas.

Certains poèmes ne sont pas faits pour cicatriser. Ils sont là pour porter ce qui n’a pas pu naître. Pour nommer ce qui ne trouve place nulle part ailleurs.

Ce poème lui a offert cet espace.



 
 
 

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